Qu'y a-t-il après la vie ? La nouvelle création proposée par Koen Augustijnen et les Ballets C de la B, présentée cette semaine au KVS de Bruxelles, explore avec douceur cette question traumatisante.
L'au delà selon Koen Augustijnen, c'est "après l'arc-en-ciel", "over the rainbow". Le spectacle commence par une vidéo volontairement maladroite qui rend compte d'une expérience d'extase quasi-nirvanesque, associée au phénomène météorologique. Cet arc est une limite spatiale qui, matérialisée par une colonne verticale de fleurs colorées, revient ensuite comme unique élément de décor, engloutie par la terre à ses extrémités, dont les six personnages vont s'extraire, comme s'ils sortaient véritablement de la terre au moment de leur résurrection.
L'au delà selon Koen Augustijnen, ce n'est pas le monde éthéré, vaporeux, désincarné des âmes sans corps, mais bien un monde physique, sensoriel et coloré. Les six êtres qui ont " accompli le grand voyage" sont incarnés : essoufflés, troublés,gênés, il semblent parfois souffrir, parfois au contraire habiter pleinement leurs corps, pour finir par trouver progressivement, comme à tâtons, une harmonie nouvelle.
L'au delà selon Koen Augustijnen semble être caractérisé avant tout par l'absence du devenir et l'impossibilité de modifier ce que l'on a été. Dans cette perspective "existentialiste" - un des danseurs fait une référence explicite à Huis-clos -, des personnages prennent tour à tour la parole pour rapporter des fragments de leurs vies, évoquer la mort de leurs proches ou tout simplement dire ce qu'ils ressentent.
Le spectacle semble buter sans cesse sur une barrière difficile à franchir, un mur insoluble. Les personnages ont accompli un voyage, mais ils ne sont pas encore arrivés. Plus que la mort finalement, c'est la question du passage qui est abordée, et à travers elle, celle du devenir, du vieillissement, de l'impossibilité d'une permanence.
"L'au-delà" a tout du sujet parfait pour une création chorégraphique. La danse en effet semble à même de rendre compte d'un mouvement qui n'est plus en direction d'une action, d'une histoire, mais qui ne va nulle part. Elle permet d'installer sur scène une réalité autre qui fait fusionner le temps et l'espace.
Au delà, dont la première a eu lieu le 1er février dernier à Guimaraes (Portugal), est actuellement présenté en Belgique, et sera ensuite dansé sur plusieurs scènes européennes.C'est un travail abouti, sur un sujet métaphysique, avec des interprètes excellents. Nul doute que l’œuvre aura le succès qu'elle mérite.
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